Compte tenu du fait que le gestionnaire de patrimoine agit dans un espace contraint, au moins financièrement, mais aussi par rapport à des ressources ou à des délais, qu'il est confronté à une multitude de parades possibles , il se trouve devant un problème d'aide à la décision classique.
Soit l'étude est réalisée en phase de conception, alors il s'agit d'un problème d'optimisation relativement simple, car le but est de rechercher la meilleure solution par rapport aux objectifs visés, en regard de contrainte de coût, global si possible et pas seulement d'investissement.
En revanche, si l'étude porte sur un bâtiment existant, le problème d'optimisation peut s'avérer plus compliqué.
Les actions de mise en sécurité comprennent l'ensemble de toutes les actions techniques, administratives et de management effectuées durant le cycle de vie du bâtiment et destinées à le maintenir ou à le rétablir à un niveau de sécurité donné. Ces actions de mise en sécurité ont longtemps joué un rôle correctif dont l'unique objectif était de mettre à niveau le bâtiment d'un point de vue réglementaire et, ainsi, «avoir le feu vert» de la commission de sécurité pour pouvoir continuer à exploiter le bâtiment. Ces actions correctives étaient axées sur le court terme et ne résolvaient en rien les problèmes liés aux véritables dangers encourus dans le bâtiment.
Par opposition, les actions de diminution de risques identifiées selon cette logique d'ingénierie de la sécurité incendie visent donc moins à mettre « en règle » le bâtiment qu'à anticiper les sinistres probables. L'arrêt total ou partiel d'utilisation du bâtiment, et le non-respect des délais qui s'en suivent, engendrent des surcoûts que le gestionnaire de patrimoine n'est plus en état de supporter. Le bâtiment doit donc rester fonctionnel, ce qui contraint le gestionnaire à prévoir et analyser les effets d'un incendie sur le long terme. Autrefois corrective, la mise en sécurité du bâtiment devient préventive et contribue à améliorer le niveau de sécurité et de qualité du bâtiment. Ces actions de mise en sécurité préventives se traduisent par la définition de plans d'actions et d'interventions sur le bâtiment, par le remplacement de certains équipements en voie de dégradation afin d'en limiter l'usure, par la formation des occupants, l'installation de nouveaux équipements,...
Le problème de limitations des risques se décompose en deux sous-objectifs non indépendants :
Quelles sont les meilleures actions à mettre en œuvre ?
Comment programmer ces actions dans le temps ?
L'étape initiale permettra d'enrichir les actions étudiées lors de la phase de simulation par des données complémentaires indispensables à leurs analyse. Par exemple, il faudra qualifier leur coût d'investissement, le coût de fonctionnement soit par an , soit sur une période de quelques années ( 5,10, 15 ans, ...), les délais de mise en œuvre, etc.
Il faudra aussi traduire, par des critères, l'impact de chaque action sur les objectifs fixés. L'ensemble des actions peut être regroupé dans une matrice de décision.
Dans cet exemple, quatre actions ont été identifiées, les quatre premières colonnes traduisent les résultats de la simulation en terme de critère de choix. Ici , ils ont été ramenés à une échelle de 100. Cela signifie que la première action (qui traduit l'état actuel du bâtiment) apporte une satisfaction de 70% vis à vis des risques sur les personnes, 38% vis à vis des biens, etc.
Dans cet exemple simplifié, les 4 actions sont exclusives, ce qui signifie qu'une seule action sera choisie. Mais, il est aussi possible de complexifier le problème en programmant plusieurs actions, voire en combinant les actions entre elles.
Ainsi, le gestionnaire peut engager différentes approches d'aide au choix en fonction de ses souhaits et du type de problème qu'il cherche à résoudre.
La première démarche possible consiste à pratiquer une analyse de satisfaction. Il s'agit d'un simple tri des actions en fonction de seuils minimaux imposés sur tout ou partie des critères ;
Il peut ainsi éliminer des actions ne donnant pas un pourcentage suffisant de scénarios favorables sur tel ou tel type de dommages, ou encore éliminer des actions trop chères ou trop longue à mettre en oeuvre ;
Si les actions potentielles sont encore trop nombreuses après ce premier tri des actions, il faut alors engager une comparaison des actions à partir de méthodes multicritères.
Le schéma ci-dessous permet au décideur de visualiser les actions qu'il compare, les radars sont aussi classiquement utilisés pour schématiser ces résultats.
Le gestionnaire pourra favoriser dans son choix le budget, les délais de réalisation, le coût de fonctionnement, une vision pluriannuelle.
Souvent aussi il devra intégrer ces actions dans une logique plus large de gros travaux de maintenance et d'aménagement, et faire porter son analyse sur un parc immobilier c'est à dire sur plusieurs bâtiments, mais cela sort du cadre de cette étude.