Toute approche risque repose sur le retour d'expérience. Le risque incendie ne fait pas exception à la règle.
Au contraire, ce sont même les grands incendies qui constituent le principal moteur de l'approche réglementaire. Plus encore aujourd'hui, la médiatisation de ces accidents pousse le politique et le législateur à ajouter systématiquement une élément de loi supplémentaire à l'issue de chaque sinistre, que ce soit en matière technique ou surtout de responsabilité. L'acceptation du risque par la société étant de plus en plus faible, le transfert de responsabilité est un point clef dans l'approche risque incendie.
L'approche réglementaire est en ce sens exemplaire, elle concentre une richesse de connaissances en matière de retour d'expérience exceptionnelle. Ce que l'on peut lui reprocher, c'est de ne porter que les conséquences issues de ce retour d'expérience. Le recueil de réglementation devrait être indissociable de l'analyse scientifique qui a permis d'aboutir à ces prescriptions. Cela permettrait surtout de repositionner les éléments de solutions imposés par rapport à des enjeux et sensibiliserait le gestionnaire en conséquence.
Pour ce qui concerne l'approche Ingénierie de la Sécurité Incendie, le retour d'expérience s'avère primordial pour constituer une base de connaissances sur les probabilités indispensable à la bonne marche du modèle. Ces données sont aujourd'hui très difficiles à obtenir pour répondre aux questions suivantes telles que :
Comment évaluer la probabilité d'occurrence d'un départ de feu ?
Comment qualifier le comportement des occupants ?
Les fournisseurs devraient aussi être capables de fournir de la capitalisation de données sur leurs produits, et de produire des lois de distribution de probabilité sur les différents composants : par exemple une porte coupe feu 2h, c'est bien, mais avec quelle distribution de probabilité ?
Bien que des projets internationaux s'en préoccupent, il n'existe pas vraiment à ce jour d'informations centralisées sur le retour d'expérience dans le domaine de la sécurité incendie qui permettraient à l'approche analyse de risque de se mettre réellement en place. En l'état actuel , c'est donc à chaque ingénieur de constituer sa base de données. Cela exclut de fait les petits bureaux d'études et concentrera les compétences sur des gros bureaux de contrôle qui gèrent déjà des pratiques analogues sur d'autres sujets.
La base de données de statistiques donnant la fréquence d'apparition d'incendie est extraite des données de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. Ces statistiques sont issues des constatations d'incendie sur l'année 2005. « Données statistiques regroupées par la BSPP et concernant leurs interventions pour l'année 2005, Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. »
L'autre source de données est celle du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, constituée par le département "Sécurité, Structures, Feu" du CSTB à partir de l'expertise de ses ingénieurs et chercheurs.