Un accident est un événement ou succession d'événements imprévus ayant pour résultat une atteinte à l'intégrité physique des personnes ou des destructions de matériel (NF 71-011).
Suivant l'importance de l'incendie, on peut le qualifier d'accident majeur. Le passage d'un simple accident à un accident majeur peut tenir à peu de chose. Un départ de feu rapidement maîtrisé restera un accident, s'il se développe jusqu'à détruire entièrement un bâtiment causant la mort de plusieurs personnes, il devient un accident majeur.
Le but de l'analyse de risque est bien évidemment d'éviter la survenance de l'accident, mais surtout de proscrire l'accident majeur.
ALARP : ce principe utilisé pour définir un niveau de risque qui peut être effectivement obtenu pour le système considéré et qui est acceptable par tous ceux qui peuvent être affectés par la menace sera à la base de la méthode quantitative. Effectivement la première tâche consistera à définir les objectifs que l'on se fixe. En revanche, cette notion n'est pas clairement exprimée dans l'approche réglementaire.
L'aléa incendie peut être soit naturel dans le cas d'un incendie de forêt qui va attaquer un bâtiment, ou encore de la foudre qui tombera sur le bâtiment est enflammera la toiture par exemple.
Plus généralement, il s'agit d'un aléa technologique, déclenché par une défaillance d'un système interne, à savoir un arc électrique par exemple, la surchauffe d'un appareil, etc.
Ce fil rouge se propose de présenter deux méthodes d'analyse de risque :
Une première prescriptive basée sur l'approche réglementaire,
une seconde quantitative, dont le but consistera à évaluer la performance du système par rapport aux objectifs (enjeux) visés.
Le danger caractérise la source potentielle de dommage. Dans le cadre de cette étude, le danger semble clairement identifié : l'incendie. En fait, le phénomène est souvent plus complexe : le feu est la conséquence d'un danger primaire telle qu'une surchauffe d'un appareil électrique. Le vrai danger dans ce cas est alors l'appareil mal protégé ou l'installation électrique défaillante. C'est pour cela qu'une analyse de risque incendie s'intéresse aux sources potentielles d'incendie telles que les appareils de chauffage, les installations électriques, les produits chimiques, etc.
La défaillance d'un équipement de sécurité est un facteur important dans une analyse de risque incendie. Il faut par exemple prévoir le cas où le système d'extinction automatique ne se déclenchera pas. C'est pour cela que cette analyse de risque repose sur plusieurs stratégies complémentaires : maîtriser le foyer, évacuer les personnes, etc.
Les dommages causés par un incendie peuvent être directs ou indirects. Par exemple Le feu a entièrement détruit le dernier étage d'un immeuble, et le ruissellement de l'eau utilisée par les services d'incendie et de secours a gravement endommagé les étages inférieurs.
Les enjeux susceptibles de subir des dommages ou des préjudices sous l'effet d'un danger de type incendie concernent avant tout les personnes, mais ils sont aussi environnementaux, économiques et sociaux.
Cette étape d'estimation des risques intervient dès l'identification des risques et vise à quantifier le système étudié, notamment les probabilités associées au départ de feu, à son intensité, puis celles associées aux conséquences de l'incendie. Par exemple dans le cas de la méthode quantitative présentée, la probabilité associée au nombre de décès correspondant à un scénario de départ de feu sera estimée.
Dans le cas de la méthode proposée, chaque scénario de départ de feu donnera comme résultat la gravité des dégâts en terme de probabilité (tant de morts dans tel local avec une probabilité p). L'étape d'évaluation du risque consiste à analyser globalement tous ces scénarios pour en sortir une vision globale du risque incendie dans ce bâtiment. Cette évaluation permettra de proposer un plan d'actions afin d'aller vers une meilleure maîtrise des risques.
Globalement, les facteurs de risques sont intégrés dans le modèle qui décrit le système étudié. Par exemple le système bâtiment sera modélisé à travers ses différents composants qui interviennent soit comme facteur aggravant (par exemple la contribution des matériaux au développement de l'incendie) ou comme facteur limitant (le système d'extinction automatique).
La méthode quantitative exposée propose une prise en compte des facteurs humains à travers la modélisation du comportement des occupants, des services de surveillance, et de l'intervention des secours. Bien sûr, il y a une grande incertitude quant aux probabilités attachées à ces comportements, mais justement, la méthode permettra d'en étudier l'impact sur la gravité des conséquences. En conséquence, l'analyse peut conduire à proposer des actions qui ne sont pas du tout technique mais qui concernent, par exemple, la formation des services de surveillance afin d'en augmenter l'efficacité.
Ce concept de fréquence est à la base de la méthode quantitative (méthode de Monte Carlo) qui propose comme résultat la fréquence d'apparition d'un événement par rapport à un très grand nombre de tirages, c'est à dire d'histoire de déroulement du scénario.
La boucle complète de la gestion des risques est développée dans cet exemple, depuis l'identification du risque jusqu'à l'optimisation du plan d'actions.
C'est l'objet de la méthode quantitative exposée que d'évaluer la gravité d'un incendie, c'est à dire l'importance de ses conséquences. Notons que l'approche réglementaire ne permet absolument pas de quantifier la gravité d'un incendie, et de fait ne donne pas d'élément concret pour une gestion du risque incendie.
Dans l'exemple proposé, le travail d'identification du risque est à moitié réalisé : un incendie.
Pour ce qui concerne l'approche réglementaire, cela suffit, car les préconisations qui en découlent intègrent implicitement les causes de départ de feu.
Par opposition, la méthode quantitative nécessite une analyse complémentaire pour identifier les causes et la localisation des départs de feu et donc pouvoir identifier complètement ce risque.
L'impact de l'incendie se mesure par rapport aux enjeux que sont la perte de vie humaine, la perte de bien, l'arrêt d'activité et les conséquences sur l'environnement. L'approche réglementaire ne permet d'évaluer l'impact d'un incendie.
L'intensité de l'incendie est un facteur très important pour la quantification des conséquences. Le modèle quantitatif propose une représentation de l'incendie à travers trois variables qui qualifient son intensité (la température, les fumées et la localisation dans le bâtiment)
La maîtrise des risques qui traduit la finalité de la mise en place d'une gestion des risques, n'est pas développée dans cet exemple.
L'objet de l'approche réglementaire consiste à mettre en place des parades prédéfinies qui limiteront les risques d'incendie, soit en diminuant la probabilité d'occurrence de l'aléa (départ de feu), soit en limitant les risques de propagation (cloisonnement, moyens d'extinction), en limitant la gravité de l'enjeu sur les vies humaines (détection, alerte, évacuation).
L'approche quantitative de l'ingénierie de la sécurité incendie vise à quantifier l'efficacité de parades adaptées à des objectifs sur les enjeux que l'on se fixe.
La prévention est à la base de la réduction du risque incendie. La réglementation ERP propose des mesures passives pour éviter la survenue d'un incendie et en limiter sa propagation.
Les probabilités sont à la base de l'analyse de risque. Elles sont cependant absentes lorsque l'on applique la réglementation.
En revanche, elles constituent un élément essentiel de l'approche quantitative. A chaque composant du système est associée une fonction de distribution, par exemple la résistance d'une porte Coupe Feu (CF ) 2 heures peut faire l'objet d'une distribution gaussienne, qui tient compte du fait que la porte pourrait très bien ne résister qu'une heure et demi avec une probabilité de 0,02, mais aussi résister 3h avec une probabilité de 0,05.
La réduction des risques est l'objectif premier de l'approche réglementaire ou de l'ingénierie de la sécurité incendie. Il s'agit de définir et de mettre en place des moyens qui permettront de réduire les risques, c'est à dire de préserver la vie des personnes, mais aussi de limiter les conséquences sur la perte des biens, la perte d'activité ou encore la préservation de l'environnement.
Le retour d'expérience constitue un élément clef dans l'approche réglementaire pour la limitation du risque incendie. Toutes les mesures imposées par la réglementation découlent assez directement des enseignements tirés de catastrophes passées
Généralement le risque incendie est plutôt classé dans les risques technologiques, mais il peut aussi dans certains cas particuliers être considéré comme un risque naturel, par exemple, lorsqu'il survient à la suite d'un incendie de forêt.
L'approche quantitative repose sur des scénarios de départ de feu.
La méthode de simulation de Monte-Carlo sera utilisée pour évaluer la probabilité de survenance de certains événements redoutés (mort d'un individu par exemple) pour un scénario donné de départ de feu. Chaque scénario sera joué un grand nombre de fois (plusieurs centaines de milliers) en tirant au hasard le comportement de chacun des sous systèmes en fonction des densités de probabilité associées (porte ouverte ou fermée, durée de résistance au feu de la structure, etc.). Chaque tirage conduira donc à une histoire unique et possible.
L'approche systémique est particulièrement adaptée à l'analyse de risque. C'est en tout cas celle retenue pour la méthode quantitative. Le système bâtiment sera décomposé en sous-systèmes en interaction (le système structurel, le système de détection, le système de secours, etc.), chacun pouvant avoir un comportement indépendant.
Le mot est à la base de l'analyse du risque incendie : on parle communément de sécurité incendie.
La vulnérabilité des ERP vis à vis des incendies est une notion importante voire essentielle pour la gestion du risque incendie, mais elle n'est absolument pas utilisée pour qualifier le niveau de risque encouru dans un ERP.