Fil rouge : Analyse de risque incendie sur un ERP
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Etude de cas

L'étude de cas a déjà été introduite dans les parties précédentes  :

  • L'aléa Incendie

  • Le patrimoine ERP

  • Les enjeux

Ce développement de l'exemple portera sur l'approche réglementaire de la Sécurité Incendie.

Attention : Avertissement

Les citations concernant la réglementation ne sont pas exhaustives et servent surtout à illustrer l'ensemble de l'étude de cas.

Exemple : La technologie

La technologie du bâtiment contribue aux mesures de prévention.

« Art. R*. 123-5.- Les matériaux et les éléments de construction employés tant pour les bâtiments et locaux que pour les aménagements intérieurs doivent présenter, en ce qui concerne leur comportement au feu, des qualités de réaction et de résistance appropriées aux risques courus. La qualité de ces matériaux et éléments fait l'objet d'essais et de vérifications en rapport avec l'utilisation à laquelle ces matériaux et éléments sont destinés. Les constructeurs, propriétaires, installateurs et exploitants sont tenus de s'assurer que ces essais et vérifications ont eu lieu. »

« Art. R*. 123-6.- L'aménagement des locaux, la distribution des différentes pièces et éventuellement leur isolement doivent assurer une protection suffisante, compte tenu des risques courus, aussi bien des personnes fréquentant l'établissement que de celles qui occupent des locaux voisins. »

La structure du bâtiment doit être stable au feu 1h, et le plancher Coupe Feu 1h.

La structure en  béton armée des bâtiments respecte cette condition.

Les cloisons de séparation (de type plaque de plâtre) sont de degré coupe-feu une heure et les portes (en bois) sont de degré pare-flamme 1/2 heure.

Exemple : Les dégagements

Les dégagements font partie des mesures de prévision qui permettront en cas d'incendie de faciliter l'évacuation des personnes.

« L'article Art. R*. 123-7 fait référence à la nécessité d'avoir des dégagements praticables. »

« Pour l'accès au bâtiment par les cages d'escaliers et autres issues, on applique l'article Art. R*. 123-4. »

Au RDC, quelle que soit la position de la personne dans le bâtiment la distance maximale d'évacuation ne doit pas excéder 30m ou 50m s'il existe plusieurs sorties.

Aux étages, la distance maximale à parcourir pour atteindre un escalier est de 30m également mais elle est réévaluée à 40m si la cage d'escaliers est protégée.

Les trois plans suivants présentent les dégagements dans le bâtiment Chartreuse.

Les évacuations sont marquées en rouge (particulièrement les cages d'escaliers autonomes). Ainsi que les chemins d'évacuation appropriés. On remarque que pour le RDC, les conditions de distance inférieures à 30m répondent bien à la réglementation.

Dégagement RdC Chartreuse
Dégagement RdC Chartreuse
Dégagement Chartreuse 1er étage
Dégagement Chartreuse 1er étage
Dégagement Chartreuse 2ème étage
Dégagement Chartreuse 2ème étage
Exemple : Le désenfumage et la ventilation

Le désenfumage fait partie des mesures de prévision, qui permettent de garantir des conditions satisfaisantes d'évacuation ou de survie dans les locaux.

« Art. R*. 123-4.- Les bâtiments et les locaux où sont installés les établissements recevant du public doivent être construits de manière à permettre l'évacuation rapide et en bon ordre de la totalité des occupants. »

« Art. R*. 123-7.- Les sorties et les dégagements intérieurs qui y conduisent doivent être aménagés et répartis de telle façon qu'ils permettent l'évacuation rapide et sûre des personnes. Leur nombre et leur largeur doivent être proportionnés au nombre de personnes appelées à les utiliser. Tout établissement doit disposer de deux sorties au moins. »

Le principe de désenfumage est de type naturel, c'est-à-dire que chaque local de l'ERP possède une ouverture vers l'extérieur.

Ici, sur le bâtiment Chartreuse-Belledonne, tous les locaux donnent sur une façade, aucun n'est cloisonné à l'intérieur du bâtiment, rendant ainsi le désenfumage naturel. Tous ces éléments font que le bâtiment est réglementaire.

En temps normal, si un incendie se déclare un occupant doit avoir la capacité d'ouvrir une fenêtre par exemple dans n'importe quel local où il se situerait. En ce qui concerne les cages d'escaliers au nombre de sept, deux de celles-ci sont extérieures (façade ouest du bâtiment Chartreuse) et cinq sont internes au bâtiment Belledonne. La circulation d'air obligatoire est assurée par des ouvertures au deuxième étage (exutoires en façade) et les portes du rez-de-chaussée : c'est la méthode du balayage naturel.

Seul l'accueil, immense atrium sur les trois niveaux, possède des ouvertures de désenfumage en toiture.

Exemple : Electricité

Les contraintes sur l'électricité font partie des mesures de prévention.

Rappelons que les départs de feu sont majoritairement causés par des dysfonctionnements électriques.

« Art. R*. 123-10.- Les ascenseurs et monte-charge, les installations d'électricité, de gaz, de chauffage et de ventilation, ainsi que les équipements techniques particuliers à certains types d'établissements doivent présenter des garanties de sécurité et de bon fonctionnement. »

Les armoires électriques sont localisées principalement aux niveaux des sanitaires et non loin de l'escalier central dans le couloir principal du bâtiment Chartreuse. Elles sont mises en présence à proximité d'extincteurs à dioxyde de carbone.

Les installations électriques sont entretenues et maintenues en bon état de fonctionnement. Les défectuosités et les défauts d'isolement sont réparés dès leur constatation. Dans tout l'établissement recevant du public (ici Chartreuse et Belledonne), la présence physique d'une personne qualifiée est requise pendant la présence du public pour, conformément aux consignes données, assurer l'exploitation et l'entretien quotidien.

Localisation des armoires électriques RdC Chartreuse
Localisation des armoires électriques RdC Chartreuse[Zoom...]
Exemple : Eclairage

L'éclairage des locaux fait partie des mesures de prévision, qui permettent de faciliter l'évacuation.

« L'article Art. R*. 123-8 donne les règles générales à appliquer pour l'éclairage et le Art. R*. 123-48 spécifie en partie les visites de sécurité qu'il faut prévoir pour la mise en conformité de l'éclairage et de l'électricité en matière de sécurité incendie entre autres. On applique également l'article Art. R*. 123-10 pour les installations électriques et les appareils d'éclairage. »

En ce qui concerne l'éclairage, celui-ci est composé de :

  • l'éclairage normal qui est alimenté par la source normale,

  • l'éclairage de sécurité qui est alimenté par une source de sécurité en cas de disparition de la source normale,

  • l'éclairage de remplacement : tout ou partie de l'éclairage normal alimenté par la source de remplacement

Conformément à la réglementation, l'éclairage est électrique. Les lampes d'éclairage normal et les lampes d'éclairage de sécurité sont implantées dans des luminaires distincts. Ceux qui sont placés dans les passages ne font pas obstacle à la circulation. Dans ce cas, les éclairages sont tous incorporés dans les faux-plafonds de tous les couloirs. Les appareils d'éclairage ne sont donc pas encastrés dans les plafonds suspendus qui sont pris en compte pour le calcul de la résistance au feu des planchers attenants. Les appareils d'éclairage fixes ou suspendus (ce qui est une obligation soit dit en passant) dans les bureaux, salles de cours et laboratoires sont reliés aux éléments stables de la construction.

De manière générale, Les locaux et dégagements des trois niveaux, les objets faisant obstacle à la circulation (portes coupe-feu en couloirs...), les marches des différents escaliers en particulier l'escalier du hall ou gradins dans les amphithéâtres Revard et Nivolet, les portes et sorties en façades ou sur la passerelle, les indications de balisage installés dans les couloirs des trois niveaux doivent être et sont éclairés. Dans les amphithéâtres Revard et Nivolet, l'installation d'éclairage normal est conçue de telle façon que la défaillance d'un élément constitutif n'a pas pour effet de priver intégralement ces locaux d'éclairage normal. En outre, un tel local ne peut pas être plongé dans l'obscurité totale à partir de dispositifs de commande accessibles au public ou aux personnes non autorisées.

Dans tous les locaux, l'éclairage normal est réalisé avec des lampes à décharge d'un type tel que leur amorçage n'excède pas un temps supérieur à 15 secondes.

Notons que les différents éclairages peuvent avoir plusieurs états :

  • état de repos des blocs autonomes de l'éclairage de sécurité : état d'un bloc autonome qui a été éteint intentionnellement lorsque l'alimentation normale est interrompue et qui, dans le cas du retour de celle-ci, revient automatiquement à l'état de veille ;

  • état de veille : état dans lequel les sources d'éclairage de sécurité sont prêtes à intervenir en cas d'interruption de l'alimentation de l'éclairage normal ;

  • état de fonctionnement en sécurité : état dans lequel l'éclairage de sécurité fonctionne, alimenté par sa source de sécurité ;

  • état d'arrêt : état dans lequel le système d'éclairage de sécurité est mis hors service volontairement.

Exemple : Chauffage - climatisation

Les contraintes sur les installations de chauffage et de climatisation font partie des mesures de prévention.

« Art. R*. 123-10.- Les ascenseurs et monte-charge, les installations d'électricité, de gaz, de chauffage et de ventilation, ainsi que les équipements techniques particuliers à certains types d'établissements doivent présenter des garanties de sécurité et de bon fonctionnement. »

Le chauffage de l'ERP est réalisé en grande partie par la chaufferie centrale du site universitaire du Bourget du Lac qui est située dans un autre bâtiment de l'Université.

Ainsi en ce qui concerne le chauffage de l'établissement, seules les installations (appareils et conduites) sont considérées ici. Cette particularité réduit nettement les contraintes en matière de sécurité incendie relative au système de chauffage. Ainsi, aucune exigence de réaction au feu n'est exigée pour les systèmes de canalisations à base de tubes en matériau de synthèse incorporées (encastrées, engravées ou enrobées, avec ou sans fourreau) dans les dalles. De même aucune exigence n'est demandée pour les piquages et les liaisons d'alimentation des collecteurs destinés à alimenter les émetteurs de chaleur du local ou encore dans les planchers chauffants (installés dans certains locaux du rez-de-chaussée du bâtiment Chartreuse).

Aucune exigence de réaction au feu n'est exigée pour les systèmes de canalisations à base de tubes en matériau de synthèse disposés dans les gaines techniques de résistance au feu identique à celle des parois traversées avec un minimum de 30 minutes.

Exemple : Risques spéciaux

Les contraintes sur les risques spéciaux font partie des mesures de prévention.

« Art. R*. 123-9.- Le stockage, la distribution et l'emploi de produits explosifs ou toxiques, de tous liquides particulièrement inflammables et de liquides inflammables classés en 1re catégorie en exécution de la loi no 76-663 du 16 juillet 1976 relative aux installations classées sont interdits dans les locaux et dégagements accessibles au public, sauf dispositions contraires précisées dans le règlement de sécurité. »

Dans le bâtiment sont situés plusieurs zones de laboratoires utilisant des sources radioactives, des éléments bactériologiques et des gaz spéciaux tels l'hydrogène, l'azote, l'hélium, l'oxygène,...

Ces laboratoires sont principalement situés sur la face ouest du bâtiment et leur alimentation en gaz est assurée par des conduites en façade reliées à leur alimentation respective depuis un local externe à cet ERP et situé à plus de 8 m. Ces arrivées de gaz sont toutes équipées de PDG (prises de gaz) et certaines arrivées sont confinées.

Des extincteurs à poudre sont soit disposés dans les laboratoires soit installés dans les circulations centrales du bâtiment.

En outre, en ce qui concerne la source radioactive, celle-ci est confinée dans une enveloppe de plomb et n'est plus utilisée en raison des dispositions légales importantes.

Les trois plans suivants permettent de localiser les locaux équipés de gaz spéciaux : acétylène, protoxyde d'azote, oxygène, azote, hydrogène, hélium, argon.

Plan du RdC des locaux équipés en gaz spéciaux
Plan du RdC des locaux équipés en gaz spéciaux
Plan du 1er étage des locaux équipés en gaz spéciaux
Plan du 1er étage des locaux équipés en gaz spéciaux
Plan du 2ème étage des locaux équipés en gaz spéciaux
Plan du 2ème étage des locaux équipés en gaz spéciaux
Exemple : Signalisation - affichage

Faciliter l'intervention des moyens de secours fait partie des mesures de prévision

« L'article de la réglementation Art. R*. 123-24 notifie l'obligation de produire des plans référençant les différents niveaux, la position des extincteurs, des armoires électriques, systèmes d'alarmes,... nécessaire à la bonne connaissance du bâtiment en cas d'incendie. »

Des plans schématiques, sous forme de pancartes inaltérables, sont apposés à chaque entrée du bâtiment Chartreuse pour faciliter l'intervention des sapeurs-pompiers. Ils représentent le rez-de-chaussée, les deux étages ou l'étage courant de l'ERP. Ils sont, par contre, en plusieurs parties pour différencier les bâtiments Chartreuse et Belledonne même si ceux-ci représentent un seul et même ERP.

Doivent y figurer, outre les dégagements et les cloisonnements principaux, l'emplacement :

  • des divers locaux techniques et autres locaux à risques particuliers : armoires électriques, laboratoires utilisant des gaz spéciaux,...

  • des dispositifs et commandes de sécurité (dans les laboratoires en question) ,

  • des organes de coupure des fluides,

  • des organes de coupure des sources d'énergie ,

  • des moyens d'extinction fixes et d'alarme dans les couloirs et le hall principal .

Plan d'évacuation
Plan d'évacuation[Zoom...]
Exemple : Moyens de lutte contre l'incendie

Les moyens de lutte contre l'incendie relèvent des mesures de prévision

« Art. R*. 123-11.- L'établissement doit être doté de dispositifs d'alarme et d'avertissement, d'un service de surveillance et de moyens de secours contre l'incendie appropriés aux risques. »

Globalement le bâtiment ne possède pas de système automatique d'extinction des incendie, mais dispose d'extincteurs.

Chaque local doit clairement disposer d'extincteurs adaptés, en fonction des éléments potentiellement inflammables qu'il comporte. Ainsi, en fonction de chaque type de feux, on attribue une classe d'extincteurs spécifique ; le tableau suivant répertorie les différentes classes d'extincteurs que nous retrouverons dans cet ERP (sauf la classe D qui n'est pas utilisée)

Classes d'extincteur
Classes d'extincteur[Zoom...]

Pour cet ERP, considérons l'exemple du rez-de-chaussée :

A ce niveau figurent des laboratoires en partie centrale du bâtiment, après vérification du type de chaque extincteur présent dans le bâtiment, le constat montre bien que le couloir et certaines salles-laboratoires soient équipés d'extincteurs de type "Poudres" repérés en jaune, du côté de l'ascenseur, par exemple, l'extincteur est de type "CO2" et dans le reste des locaux tels que les bureaux administratifs ou les salles de cours, il s'agit d'extincteurs de type "Eau pulvérisée + additifs". De manière générale, la réglementation est suivie et adaptée aux locaux potentiellement vulnérables aux incendies.

Le plan du rez-de-chaussée ci-dessous répertorie tous les extincteurs installés ainsi que leur type (jaune pour poudres, vert pour dioxyde de carbone et bleu pour eau pulvérisée + additifs).

Position et type des extincteurs au RDC Chartreuse
Position et type des extincteurs au RDC Chartreuse
Exemple : Alarmes - détection

Détecter les départs de feu et alerter les occupants font partie des mesures de prévision

« Art. R*. 123-11.- L'établissement doit être doté de dispositifs d'alarme et d'avertissement, d'un service de surveillance et de moyens de secours contre l'incendie appropriés aux risques. »

Le Système de Sécurité Incendie (SSI) d'un ERP est constitué de l'ensemble des matériels servant à collecter toutes les informations liées à la seule sécurité incendie, à les traiter et à effectuer les fonctions nécessaires à la mise en sécurité de l'établissement. La mise en sécurité peut comporter :

  • le compartimentage

  • l'évacuation des personnes (signal, gestion d 'issues, éclairage)

  • le désenfumage

  • l'extinction automatique (sprinklage)

  • la mise à l'arrêt de certaines installations techniques

Les SSI sont classés en 5 catégories par ordre de sévérité décroissante, appelés A, B, C, D et E.

Le SSI est composé notamment de  :

  • un SDI : Système de détection incendie

    La surveillance assurée par le service de sécurité peut être complétée ou remplacée par des installations de détection incendie. L'installation de détection automatique d'incendie doit déceler et signaler tout début d'incendie au plus vite et mettre en œuvre les éventuels équipements de sécurité asservis.

  • un SMSI  : Système de Mise en Sécurité Incendie

    Le SMSI est constitué des équipements qui assurent les fonctions nécessaires à la mise en sécurité d'un ERP à partir soit des informations transmises par le SDI soit par des ordres provenant de commandes manuelles.

  • un système d'alarme

    • Alarme générale : signal sonore prévenant les occupants qu'ils doivent évacuer les lieux. Elle peut être immédiate ou temporisée.

    • Alarme générale sélective : alarme générale limitée à l'information de certaines catégories de personnel, selon les dispositions particulières

    • Alarme restreinte : signal sonore et visuel différent du signal d'alarme général. Il avertit le personnel prévu d 'un sinistre et de sa localisation. Cette alarme doit être exploitée : c'est à dire vérifier s'il y a ou non sinistre et dans ce cas déclencher les procédures de secours et l 'alarme générale.

Les dispositions particulières à chaque type d'établissement précisent, le cas échéant, la catégorie du système de sécurité incendie exigé.

Les équipements d'alarme sont classés en 4 types par ordre de sévérité décroissante, appelés 1, 2a ou 2b, 3 et 4. Les dispositions particulières précisent le type d 'alarme pour chaque type d'E.R.P. (type-catégorie) Seuls les types 1, 2a et 2b peuvent être temporisés. Un équipement de type 4 peut être constitué de tout dispositif sonore autonome (cloche sifflet...)

L'ERP étudié est placé sous la protection d'un SSI de catégorie A avec un équipement d'alarme de type 1. La catégorie A associé au type 1 est celle qui garantie le niveau de sécurité le plus élevé.

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