BIM et premières expériences en maîtrise d'ouvrage
La maîtrise d'ouvrage que ce soit à l'étranger ou en France, a très vite pris la mesure des efforts à engager pour s'adapter aux contraintes administratives, réglementaires, techniques et financières actuelles. Ils reconnaissent les besoins qui consistent à recentrer les acteurs sur leur métier et leurs compétences professionnelles, besoins mis à mal par des outils non interopérables. L'utilisation de la maquette numérique pour résoudre le problème de l'interopérabilité dans la pratique des métiers de la construction apparaît ainsi incontournable.
Le maître d'ouvrage au cœur du traitement et de la transmission de l'information réglementaire et technique, entre les instances fonctionnelles, esthétiques, réglementaires, techniques et économiques des projets, en relation constante avec les différentes parties prenantes à tout moment et dans différents pays et continents, ne peut que reconnaître comme crucial la clarté des échanges et l'importance d'introduire des éléments de standardisation et d'interopérabilité dans le processus de construction.
Il est également conscient de l'impact des enjeux du développement durable sur le développement et la pratique de la maquette numérique BIM.
L'engagement des maîtres d'ouvrage à l'étranger
Aux États-Unis, GSA (U.S. General Services Administration) est un des plus grands propriétaires et gestionnaires du patrimoine, responsable de la construction, exploitation et maintenance du parc immobilier fédéral. GSA possède, exploite et gère plus de 32 millions de mètres carré de surfaces pour environ 8700 bâtiments qu'il possède ou loue à travers les États-Unis.
En réponse aux mandats du gouvernement fédéral qui incluent l'ordre exécutif suivant : Greening the Governement through Efficient Energy Management (Sensibiliser le gouvernement à l'environnement au moyen d'une gestion efficace de l'énergie), GSA oriente sa politique générale et encourage fortement un processus de conception-construction qui mette en valeur l'excellence de la conception, la satisfaction des usagers, la réduction des coûts d'exploitation et la responsabilité environnementale.
Ainsi depuis 2003, GSA identifie la durabilité et la performance énergétique comme les objectifs de base de leur philosophie de conception générale. Depuis l'année fiscale 2000, GSA a rendu obligatoire que toutes les constructions neuves et les projets de rénovation majeurs, obtiennent au minimum un niveau de certificat LEED, pour atteindre le niveau SILVER en 2009 et celui de GOLD fin 2010.
En 2003 également, GSA crée le programme national 3D-4D-BIM. Plus de 35 projets de part les USA ont été évalués et testés en utilisant la 3D, 4D et le BIM.
La puissance de visualisation, de coordination, de simulation et d'optimisation qu'offrent les technologies de la 3D, 4D, et du BIM ont permis à GSA de répondre plus efficacement aux exigences des programmes, aux souhaits des clients et d'améliorer la conception et construction.
Dans ce programme qui met à disposition des architectes et ingénieurs une série de guides pratiques, GSA s'engage à une adoption incrémentale stratégiques des technologies 3D, 4D, et du BIM.
C'est dans ce contexte, qu'en octobre 2006, GSA a commencé à exiger la livraison de BIM pour les grands projets de construction fédéraux.
Cette nouvelle règle s'applique à tous les grands projets recevant un financement de conception pour l'exercice 2007 et au-delà.
Pour les architectes et les ingénieurs, leurs études doivent ainsi être soumis à GSA dans deux formats : le format natif de l'application BIM et le format IFC .
En tant que plus grand propriétaire commercial, le mandat de GSA constitue un événement décisif pour l'utilisation des IFC en tant que standard d'échange de données dans le secteur du bâtiment aux États-Unis.
La liste suivantes des pays ou des livrables IFC sont exigés, renforcent cette tendance au niveau international.
Au Danemark, depuis 2007, dans le secteur de la construction publique, les IFC sont obligatoires pour les projets de + de 2,7 M€ (programme Digital Construction).
Au Pays-Bas, à partir du 1er novembre 2011, les contrats de marché publics de plus de 10 millions d'euros seront couverts.
Le Royaume-Uni a engagé un programme de cinq années pour introduire les BIM dans tous les projets du secteur public d'ici 2016.
En Finlande, avec Senate property les IFC sont obligatoires depuis le 1er octobre 2007 pour les projets de + de 2M€.
Au Luxembourg, l'Administration des Bâtiments Publics effectue un relevé IFC pour la gestion d'un patrimoine de 1 500 bâtiments.
En Chine, l'usage de la norme IFC est recommandé depuis mai 2007.
En Norvège, la direction publique de la construction et de la propriété de Norvège exigent aussi l'utilisation du BIM dans leurs projets.
Leur slogan “5, 10, 15, all !” :
5 projets réalisés en BIM-IFC en 2007,
10 en 2008,
15 en 2009,
tous pour 2010.
En Corée du Sud, le gouvernement a distribué en janvier 2010 un guide d'utilisation du BIM à quatre administrations de l'administration centrale, 16 villes métropolitaines et six organisations publiques. En fournissant les indications de modalités procédurales de la pratique du BIM, leur objectif est de favoriser l'utilisation systématique du BIM dans le marché intérieur industriel public et aussi de mettre en place des normes précises et pratiques d'application du BIM pour chaque organisation.
Ce guide vise également à réduire les coûts et stimuler la "construction durable" dans le secteur public en exigeant à l'appui du BIM un bilan énergétique des bâtiments, une simulation énergétique et estimatifs-quantitatifs de base.
L'engagement des maîtres d'ouvrage en France
En France, la dynamique engagée par le Grenelle de l'environnement vient renforcer cette prise de conscience. Force est de considérer que dans le cadre du développement durable la maquette numérique offre des réponses à des approches globales et systémiques de conception et réalisation de bâtiments, qui de plus permet d'intégrer très tôt la dimension environnementale de l'ouvrage.
L'usage de la maquette numérique pourrait ainsi s'imposer car elle facilite la traçabilité des matériaux, le diagnostic de performance énergétique et les simulations associées qui seront obligatoires dès 2010 pour les ouvrages publics et tertiaires et dès 2012 pour tous les permis de construire.
En matière de gestion patrimoniale, la maquette numérique est également une petite révolution qui intéresse les maîtres d'ouvrages. Car elle ouvre la voie à l'analyse statistique des bâtiments – que ce soit à l'échelle d'un quartier, d'une ville ou d'un pays - sur la base d'informations qualitatives fiables.
La maquette numérique, condition de réponse à un appel d'offre ?
Pour certains, les obligations des IFC permettraient d'emmener tous les acteurs de la filière en même temps. Plusieurs MOA ont d'ailleurs déjà amorcé ce mouvement prescriptif.
Le Conseil régional d'Alsace a mis en place une charte préconisant l'usage des IFC et du BIM. D'autres ont choisi l'IFC comme critère de sélection de leurs appels d'offres.
Puis à leur tour ce sont les commissions et les instances réglementaires qui préconisent la maquette numérique dans le cahier des charges des maîtres d'ouvrage.
Le RGI[1] (Référentiel Général d'Intéropérabilité) qui réglemente les échanges électroniques entre les usagers et les autorités administratives et entre les autorités administratives a choisi d'intégrer dans sa prochaine version une recommandation d'utilisation des IFC.
Le COmité Otratégique des Eco-Industries, COSEI[2], instance de concertation entre les entreprises de l'environnement et les pouvoirs publics propose de rendre obligatoire la maquette numérique pour soutenir la compétitivité de la filière française du bâtiment à faible impact environnemental.