Il existe une demande sociale forte de sécurité : il n'est pas « normal » de voir sa voiture happée par un cratère qui se crée au milieu d'une voirie urbaine ou le plafond d'une salle de classe s'effondrer sur la tête d'un lycée. Les usagers réagissent en conséquence et demandent des explications, voire des garanties, aux responsables politiques, qui se retournent vers les techniciens.
Le technicien ou l'expert tâche d'apporter des réponses adéquates : il répare, il cherche à expliquer et prend les mesures techniques visant à éviter la récidive. Le responsable politique, garant de la sécurité, commande les travaux et doit assurer, ici par l'amélioration des procédures de contrôle et d'alerte, que tout danger est écarté. Il en résulte une remise à plat des systèmes d'alerte et une campagne de reconnaissance manifestement surdimensionnée et dont on peut se demander à quel objectif elle répond (répondre au problème technique ? rassurer la population ?). On notera enfin la dimension médiatique : les journalistes servent aussi de relais à la demande sociale et placent les acteurs face à leurs responsabilités.
Dans le domaine des risques d'origine naturelle, il est usuel de dénoncer l'impéritie des décideurs après chaque catastrophe naturelle : « c'est déjà arrivé... on savait pourtant ce qu'il fallait faire... on l'avait d'ailleurs décidé lors de la dernière catastrophe... mais on n'a rien fait... » sont des phrases souvent entendues en pareille situation. Un subtil mélange de fatalisme et d'inertie administrative peut suffire à réduire à néant les meilleures intentions.
Une approche raisonnée du risque doit donc, en se gardant de toute réaction excessive que peut engendrer l'émotion née d'un événement exceptionnel, analyser toutes les composantes techniques, socio-économiques, politiques et même psychologiques pour définir les stratégies les plus efficaces en termes de protection.