L'évolution prévisible à court, moyen et long terme
Le long et moyen terme
BuildingSmart se refusait à parler de l'avenir à long terme. « Faisons d'abord en sorte que le modèle existant soit complètement utilisé par les logiciels du marché ».
Sous-entendu : il sera alors temps de sortir les projets à moyen et long terme.
Cette période est arrivée. Un « roadmap » horizon 2020 est en cours de discussion.
Remarquons que le projet IFC était tellement ambitieux (normaliser tous les composants et ouvrages du bâtiment à travers le monde) qu'il a nécessité déjà une quinzaine d'année d'efforts et d'investissements, colossaux si on prend en compte ceux des éditeurs de logiciels réunis. Et ce n'est qu'un commencement.
Remarquons aussi que BuildingSmart ne développe pas de logiciels d'application. Sa tâche se borne à décrire le modèle en langage objet, lui aussi normalisé. C'est-à-dire à définir une norme conceptuelle.
L'exploitation du standard à travers des logiciels d'application est l'affaire des éditeurs.
Or comme le niveau conceptuel du modèle IFC est largement en avance sur les performances technologiques des logiciels métiers, et des systèmes d'information utilisés en AEC, la réserve adoptée par BuildingSmart est une posture intelligente.
Néanmoins, il est utile d'examiner comment les logiciels métiers devraient évoluer, et notamment l'offre CAO, pour mieux exploiter le modèle existant.
Il serait également utile d'examiner ce qu'il manque aux systèmes d'information pour aborder la création, l'exploitation et l'évolution d'une maquette numérique, ou du BIM normalisé.(Les pratiques de l'interopérabilité : évolution et prospective).
C'est-à-dire de passer à l'étape d'une base de données pérenne d'échange, avec son langage d'interrogation et de mise à jour en temps réel, avec gestion automatisée de la cohérence de l'information centralisée, témoin de la représentation du bâtiment dans tout son cycle de vie, quelque soit la vue du métier qui retire ou ajoute de l'information à la maquette numérique.
Tout un programme ! Le serveur BIM dans toutes ses performances.
Le court terme
On l'a vu, BuildingSMART travaille depuis environ 6 ans sur le développement d'une mise à jour majeure qui devrait être disponible courant 2011 : la révision 2.x4 dont le nom officiel est IFC4[1].
Majeure, car au-delà d'une révision de « stabilité » (qui corrige des erreurs et apporte des précisions), elle présente des nouveautés dans ses objectifs et ses domaines d'utilisation.
On en dénombre au moins 7 :
Prendre son temps pour privilégier la qualité. Ce qui concerne d'abord l'équipe de développement au sein de BuildingSmart. Et concerne ensuite les utilisateurs du standard : donner aux développeurs de logiciels le temps d'adopter les IFC2x3 actuels, et permettre un retour vers l'équipe de développement des IFC.
Obtenir la reconnaissance de la norme internationale ISO[2] pour les IFC2x4. Après avoir obtenu la référence ISO/PAS en 2005 avec les IFC2x, une décision a dû être prise sur comment continuer après la période de validité de 3 ans d'une PAS "spécification publiquement disponible".
En 2008 un NWI (New York Item) avait été demandé pour transposer les IFC en une Norme Internationale complète IS (International Standard). Ce processus est maintenant en marche avec la première version candidate des IFC2x4 qui devrait être terminée en 2012.
Inclure plusieurs nouveaux concepts. Ils avaient été identifiés et préparés dans les projets de développement des extensions IFC :
IFG[3] – les informations du BIM nécessaires pour se connecter aux SIG
IFD[4] – extension pour permettre des références externes aux dictionnaires de composants
PM4 – quantitatifs de base standardisés pour les espaces et éléments de construction
EL2 – installations électriques dans les bâtiments
ST6 – harmonisation des extensions IFC pour l'acier structurel, le bois et le béton précontraint.
Retours d'expériences de l'utilisation actuelle des IFC2x3. Plus de 1100 problèmes individuels ont été rencontrés, dont les solutions ont été développées. Les mises à jour de la partie actuelle des IFC avaient été rendues possibles grâce à l'objectif de réalisation d'une coordination.
Rendre certaines parties des IFC plus efficaces et plus facile à utiliser : la planification (les tâches et programme d'activités), les ressources de construction (la main-d'œuvre, le matériel, l'équipement), les coûts de construction (les calendriers des coûts, les prix des éléments), et leurs relations entre elles et le BIM 3D. Simplification de schémas IFC en relation avec les nouveaux modèles 4D[5] et 5D[6] de la version IFC2x4.
Refonte des schémas conceptuels qui deviennent indépendants des classes d'objets décrits pour ne montrer que l'aspect relationnel et symétrique. (Donc diminution du nombre de schémas devenus identiques).
Amélioration de la documentation, qui devient multilingue : accès plus facile à la spécification, meilleure lisibilité, plus d'exemples. Cet objectif est rendu nécessaire pour obtenir une reconnaissance ISO[2] complète. Les IFC2x4 doivent obéir aux strictes règles de documentation ISO.
En corollaire, une description multilingue a été adoptée, ce qui rendrait la spécification IFC visible par une interface utilisateur à des utilisateurs finaux. Ceci inclut des noms et des descriptions multilingues pour les propriétés IFC qui sont définis dans un propre langage XML[7] basé sur les schémas PSD (property set definition). L'important est de rendre confortable l'extension du modèle par un utilisateur, sans ajouter de nouvelles classes, donc attendre une nouvelle révision.