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Synthèse des faits (CIGB, 74)

Le barrage de Bouzey, près de Belfort, achevé en 1980, s'est rompu en 1895, après avoir été victime d'un premier accident en 1884. C'est à l'occasion de la deuxième rupture que l'attention a été attirée pour la première fois sur le problème des pressions internes dans les maçonneries et des sous-pressions sous les fondations des barrages massifs. L'analyse de cet accident a amené Maurice Lévy, dans un mémoire de l'Académie des Sciences (5 août 1895), à mettre en lumière le mécanisme de ces actions jusqu'alors ignorées.

Haut d'une vingtaine de mètres, et construit en maçonnerie, le barrage était fondé sur les assises supérieures de l'étage du grès bigarré, terrain assez fissuré et poreux.

Les couches étant sensiblement horizontales et sans cohésion à la surface, il avait fallu descendre un mur de garde jusqu'à 6 et 10 mètres de profondeur.

Le remplissage du réservoir commença en novembre 1881, un an environ après l'achèvement des maçonneries.

Quand le plan d'eau atteignit la cote 362 environ, on vit apparaître à l'aval du barrage, dans le terrain, des sources dont le débit, d'abord d'environ 50 litres par seconde, s'accrut jusqu'à 75 litres lorsque le plan d'eau se fut élevé aux environs de la cote 364,50.

Le 14 mars 1884, une partie du barrage sur une longueur de 135 mètres se déplaça brusquement vers l'aval et le débit des sources, qui était resté stationnaire augmenta jusqu'à 230 litres par seconde. Le plan d'eau avait alors atteint pour la première fois la cote 368,80, soit 2,70 m au-dessous du niveau maximal prévu.

Le barrage s'était déplacé vers l'aval, en se séparant du mur de garde et sans aucun tassement vertical. Le couronnement primitivement rectiligne avait pris la forme d'une ligne brisée avec une flèche maximale de 0,34 m. Une fracture horizontale à la base de l'ouvrage régnait sur une longueur de 93 mètres.

Le sol de fondation était broyé et disloqué sur 2 à 3 mètres d'épaisseur sous le barrage. On y trouva deux crevasses, qui donnaient passage à des fuites, ainsi que des dépôts d'argile de forme lenticulaire de quelques millimètres d'épaisseur. En amont du mur de garde et en contrebas de ses fondations, on trouva des couches tendres, fissurées et perméables.

Le réservoir ne fut pas vidé immédiatement après cet accident et l'eau y fut maintenue pendant près d'une année au niveau qu'elle avait à cette époque. Aucun mouvement nouveau ne se produisit pendant ce laps de temps et le débit des sources se maintint aux environs de 200 litres.

De 1888 à 1889, le barrage fut consolidé par un épaississement aval buté contre le sol. Un solin en maçonnerie fut construit en amont sur toute la longueur de la fissure et recouvert d'un massif d'argile corroyée de 3 mètres d'épaisseur au moins.

On procéda alors de nouveau au remplissage, qui dura trois ans.

Aucune anomalie ne fut constatée jusqu'au 27 avril 1895 à 5h15 du matin, heure où le barrage se rompit brusquement. Le niveau de l'eau était alors à la cote de 371,40.

Le barrage fut emporté dans sa partie centrale sur une hauteur moyenne de 10,50 m et sur une longueur de 170 m.

Le seuil de la brèche sur le parement amont présentait, à part quelques dentelures, une allure horizontale bien caractérisée, sauf en un point où la brèche s'approfondissait d'environ 2,50 m.

Dans le sens transversal, le fond de la brèche était horizontal ou peu incliné sur une longueur de 3,50 m à partir de l'amont et plongeait ensuite brusquement vers l'aval.

Près du parement aval, il existait de nombreuses traces d'écrasement et de cisaillement.

Les fondations n'avaient pas bougé et les maçonneries étaient en très bon état.

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