Dans un encart de la presse française, après l'accident, on pouvait lire que c'est un accident rare en Europe « car les normes de sécurité y sont très strictes »... à croire que le Portugal n'est pas en Europe. Le Portugal est-il victime d'un développement à deux vitesses ? Oui si on lit les propos d'un habitant de Castelo de Paiva : « Le littoral où se trouve la grande majorité de la population et en conséquence la plupart des électeurs, a eu droit à de belles autoroutes et à de belles infrastructures. Mais l'intérieur du pays a été complètement oublié ».
La vétusté de l'ouvrage est la cause majeure de la catastrophe. L'érosion minant les bases du pilier apparaît comme la raison principale de l'effondrement. L'affouillement a été aggravé par les extractions de sable (illégales mais tolérées pendant 20 ans) et la construction de barrages en amont et en aval du fleuve qui ont modifié le lit et le régime d'écoulement des eaux. L'excavation avait été interdite à moins de 10km en amont du fleuve depuis deux ans. Mais des indices d'extractions récentes dans le fleuve en amont du pont ont pu être observées après l'accident.
Le débit du fleuve avait également considérablement augmenté les semaines précédentes, du fait des fortes pluies. Cette combinaison de modification du régime hydraulique du fleuve et de la crue est susceptible d'avoir augmenté le risque d'affouillement. L'ingénieur Antonio Ferreira de Araujo indique que le pilier qui s'est effondré a été construit sur du sable pendant des conditions de basses eaux. Des pieux de bois auraient été employés en fondation de la pile, mais ils n'atteignaient probablement pas la roche en place.
Le maire de Castelo de Paiva, Paulo Teixeira ajoute « Quand ce pont a été construit en 1886, il a été conçu pour porter des animaux. Au moment de la catastrophe, il supportait un trafic quotidien de 1.300 véhicules. Cela montre clairement que nos infrastructures portugaises ressemblent plus à celles du tiers monde qu'à celles de l'Europe».