Comment adopter l'interopérabilité dans son entreprise ?

Bénéfices pour les professions de maîtrise d'œuvre et d'ingénierie

Mais le bénéfice le plus spectaculaire pour l'architecte est atteint dès que l'échange de données réunit des métiers différents, comme la maîtrise d'œuvre et l'ingénierie.

C'est à dire dès qu'un logiciel d'architecture communique ses résultats aux logiciels techniques, dont la liste nationale et mondiale s'allonge en permanence :

  • les logiciels de calcul de métrés, estimatifs, analytiques ou d'estimation rapide,

  • les logiciels de calcul de structure, statiques ou dynamiques, parasismiques, utilisés en pré dimensionnement, ou pour coffrage, ferraillage, assemblage métallique ou bois,

  • les logiciels de calcul thermique, utilisés en diagnostique, calcul réglementaire ou simulation.,

  • les logiciels de calcul acoustique,

  • les logiciels de gestion de locaux, de GTP, les bases de données correspondantes chargées de numériser une représentation centralisée du patrimoine bâti,

  • et enfin la liste bien fournie des logiciels de traitement des activités techniques de chantier (ordonnancement de travaux, gestion des coffrages outils, commandes de matériaux, situations extraites de l'état d'avancement du chantier).

Les logiciels d'entreprise sont pour l'instant trop isolés de ceux utilisés par les architectes et BET, sauf à re-utiliser un fond de plans dessinés en DAO, support d'information inerte qui prive le logiciel technique de bénéficier des données intelligentes, oubliées !

Cette énumération, bien qu'incomplète, fait prendre conscience :

  • du rôle moteur à jouer par l'architecte, puisque la chaîne des échanges est initialisée par la saisie de son projet dans un logiciel de CAO normalisé. L'interopérabilité ne peut être mise en place sans son concours. Ce serait absurde qu'un autre professionnel se charge de saisir une deuxième fois le projet pour constituer la base de données interopérable, puisque l'architecte doit de toute façon réaliser une représentation numérique du projet pour produire ses plans. C'est pourtant ce qui arriverait si la profession d'architecte renonçait à cette opportunité de rester le pilote du traitement de l'information technique du projet, pendant les études au moins.

    L'abandon de cette fonction clé pour l'avenir du secteur du Bâtiment risquerait de la marginaliser.

  • que les bénéfices complets à retirer d'une organisation interopérable sont obligatoirement collectifs. Ils résultent d'une nouvelle entente contractuelle de répartition des honoraires. Dans la période de transition évoquée plus loin, il s'agira d'une entente au coup par coup, faisant intervenir ou non la maîtrise d'ouvrage.

Le seul préalable à l'interopérabilité qui s'impose aux décideurs est d'adopter un logiciel normalisé IFC, si ce n'est déjà fait.

Dès qu'une équipe de maîtrise d'œuvre et d'ingénierie « interopérable » se met en place, alors les bénéfices deviennent spectaculaires pour tous, au grand profit de chacun, mais en plus au grand profit de la maîtrise d'ouvrage et du propriétaire de la construction.

Par exemple, si seulement l'architecte et le thermicien décident de s'échanger les données, lors d'une étude thermique règlementaire, du type RT 2012, le temps de saisie de l'immeuble et des locaux est raccourci dans un rapport de 1 à 15 en utilisant la norme IFC. L'architecte peut envisager d'avoir l'évaluation de son projet dans la journée !

Cet argument mérite que l'on prenne le temps d'étudier le mode de rémunération de l'effort supplémentaire qui a été nécessaire par l'architecte, par exemple !

Les entreprises sont acquises au concept de l'interopérabilité.

Elles sont d'ailleurs dépendante en amont du fonctionnement collaboratif de la maîtrise d'œuvre et de l'ingénierie, et soumises en aval aux propriétaires de patrimoine bâti de fournir les données numériques aux logiciels de GTP.L'autre solution qui soumet la maîtrise d'œuvre à l'entreprise, le PPP[1], ne peut satisfaire que partiellement le marché de la Construction. L'apparition d'une nouvelle forme de passation des marchés publics, la procédure Conception Construction, pourrait accélérer l'évolution vers l'interopérabilité.

Flux des données échangées entre la maîtrise d'œuvre et l'ingénierie.
Flux des données échangées entre la maîtrise d'œuvre et l'ingénierie

Rappelons les principaux bénéfices attendus par tous les autres acteurs et accessibles déjà au stade existant de la première étape opérationnelle de la technologie des IFC, c'est à dire l'échange de fichiers projet point à point entre deux partenaires :

  • Évaluation économique instantanée en cours de conception

  • Prise en compte des règlements et normes de chaque spécialité technique

  • Contrôles en cours de conception, et non à posteriori, car c'était long et cher

  • Référentiel sémantique du vocabulaire du bâtiment, assuré par la norme IFC

  • Suppression des saisies redondantes, devenues inutiles, ou minimales, donc des pertes de temps et des erreurs insupportables

  • Validations quasi instantanées du projet entre partenaires complémentaires

  • Cycle immédiat des modifications, donc peu coûteuses, qui garantissent la bonne qualité du projet

  • Respect et même amélioration spectaculaire des délais des études

  • Respect des coûts, à la fois du projet, et du coût des études

  • Possibilités de simulations comparatives du même projet, des tests de partis différents

  • Relations avec les entreprises pendant la conception devenues possibles, pour affiner les coûts, car elles disposent, même hors interopérabilité, d'outils d'estimation rapide adaptés à leur technologie de chantier et de construction

  • Possibilité d'évaluation du coût global en cours de conception

  • Possibilité d'anticiper une estimation pour choisir le mieux disant lors des appels d'offres, par métier, et par entreprise générale.

Une panoplie de performances propre à séduire n'importe quel donneur d'ordre, public ou privé, qui bénéficie :

  • de garanties sérieuses de délais, qualité et coûts,

  • d'une simulation des choix techniques dont il est a peu prés certain que la meilleure option a été choisie pour son programme,

  • et même « l'énorme » possibilité pour lui de modifier le programme de l'opération à moindres frais si les études font émerger une meilleure solution !

Rappel

L'interopérabilité ?

  • De quoi minimiser le risque de se lancer dans une aventure incertaine pour chaque opération de construction.

  • Une garantie de bonne fin pour la Maîtrise d'Ouvrage Publique.

  • Une plus grande chance pour les partenaires constitués en équipe interopérable d'être consultés et choisis pour chaque projet.

  1. PPP : Le partenariat public-privé (PPP) : mode de finacement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public.

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