Les enjeux de l'interopérabilité en AEC

Travail collaboratif et normalisation des systèmes d'information

Si en interne, chacun est devenu plus performant, collectivement, rien n'a changé.

Les projets de construction, par leur ampleur, leur technicité et leur exigence architecturale sans cesse croissantes font appel à un nombre grandissant d'acteurs. Les métiers savent communiquer leurs dessins sous forme électronique, et à distance via Internet. Mais pas encore le contenu sémantique véhiculé par ces dessins. On constate qu'un seuil de progrès ne peut pas être franchi. La réussite du projet de construction n'est plus tributaire d'un ou de quelques acteurs (le donneur d'ordre, l'architecte) mais de la réussite d'une communauté d'acteurs, dont la première et principale difficulté est devenue de communiquer ensemble et dans un commun intérêt : la qualité et la rentabilité au service de la réalisation de l'ouvrage. Les difficultés architecturales, techniques et économiques deviennent, pour ainsi dire, secondaires.

Aujourd'hui on constate que la spécialisation s'est faite au détriment de l'aptitude qu'ont les acteurs à échanger efficacement entre eux autour du projet de construction. Les données du projet suivent un cycle infernal de saisies redondantes d'un ordinateur à l'autre, dans une procédure séquentielle qui allonge anormalement les délais de réponses, provoque des erreurs, crée des tensions entre les partenaires, interdit l'étude des options, annule bien souvent une partie importante des gains de l'informatique, et n'apporte pas de garantie supplémentaire en terme de qualité, de prix et de respect des délais au maître d'ouvrage.

Par ailleurs, les problèmes techniques, technologiques, méthodologiques, économiques et réglementaires sont même de plus en plus complexes, notamment ceux de l'ingénierie.

Ils ne peuvent être résolus que par une concertation permanente entre les acteurs professionnels, pour aboutir à une coordination technique dynamique, interactive, dans toutes les phases de l'opération. Les acteurs étant plus nombreux pour assurer la maîtrise d'œuvre et la réalisation de l'ouvrage (la construction d'un bâtiment), la répartition du travail devient éminemment critique et le volume des informations échangées s'accroît en conséquence : communiquer et échanger efficacement autour du projet devient une priorité. Plus que jamais la conduite des études d'un projet, sa conception, puis sa réalisation, et enfin son exploitation sont des affaires collectives. Un adjectif qualifie cette nouvelle méthodologie : le travail collaboratif.

Si les logiciels des partenaires en présence s'organisent en systèmes d'information, le travail collaboratif peut prendre la forme de "l'ingénierie concourante[1]", ou « interopérable ».

Le sujet d'intervention commun devient alors une représentation « virtuelle », modélisée, numérique, de toute l'information technique du bâtiment en projet ou construit.

Remarque

Si chaque partenaire d'une opération de construction est informatisé, atteindre une nouvelle étape d'économie, de qualité et de fiabilité, suppose que les différents systèmes informatiques en présence, hétérogènes par nature, puissent échanger leurs données et leurs résultats. Et d'une façon encore plus ambitieuse, puissent être capables de se partager simultanément l'accès à une représentation virtuelle, numérique et unique du bâtiment ([2]BIM[3])

C'est le nouveau défi à relever à l'aube du troisième millénaire. Nous verrons qu'il n'est pas simple à résoudre.

L'enjeu de la communication informatisée entre les logiciels des métiers du Bâtiment est tel qu'il préoccupe les pouvoirs publics depuis au moins une dizaine d'années. Plus spécialement en France le ministère de l'Équipement et du Logement agit à travers le Plan Construction (PUCA[4] crée en 1998).

Déjà en 1994, un programme de recherche visait entre autre à "faciliter la coopération des métiers".

De nos jours, cette préoccupation et ces recherches sont toujours d'actualité, et le resteront encore longtemps. Elles se sont même mondialisées, à travers plusieurs coopérations internationales.

Fondamental

Un standard mondial est à l'étude s'impose déjà d'une manière irréversible.

Pour réaliser un système d'échange de données techniques, les professions sont obligées de s'entendre sur des normes décrivant les produits du Bâtiment : une retombée historique sans précédent qui transforme radicalement le secteur économique de l'AEC.

Les méthodes de travail obsolètes actuelles évoluent vers des méthodes collaboratives qui s'appuient sur les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC[5]) et un nouveau concept : le BIM[2].

  1. ingénierie concourante

    Méthode d'ingénierie mettant en œuvre une base de données centralisée du projet, accessible aux logiciels informatiques des partenaires d'une opération. Permet l'interopérabilité

  2. BIM : Building Information Modeling : processus qui permet à tous les les intervenants d'avoir accès aux mêmes informations numériques en même temps grâce à l'interopérabilité entre les plates-formes technologiques..(voir Building Information Model et Building Information Management)

  3. BIM : Building Information Model : Building Information Model. Maquette numérique du bâtiment. Le BIM est un ensemble structuré d'informations sur un bâtiment, existant ou en projet. (voir Building Information Modeling et Building Information Management)

  4. PUCA : Plan Urbanisme Construction Architecture depuis 1998 apporte son soutien à l'innovation et à la valorisation scientifique et technique dans les domaines de l'aménagement des territoires, de l'habitat, de la construction et de la conception architecturale et urbaine.

  5. TIC : Parce qu'elles ne sont plus nouvelles, Technologies de l'Information et de la Communication, sigle amputé du préfixe « N ». Voir NTIC.

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