1- Contexte et finalités

Exemple sur le thème de l'eau

Quand la route perturbe les eaux superficielles ou souterraines

La création d'une route perturbe doublement les eaux superficielles et les eaux souterraines : par la modification des écoulements due à la présence d'ouvrages.

Les données à recueillir préalablement à l'élaboration d'un projet routier sont :

  • les caractéristiques hydrographiques (eaux superficielles) et hydrogéologiques (eaux souterraines)

  • le fonctionnement hydraulique des cours d'eau et des nappes souterraines (importance, débit, variations saisonnières, profondeur, classement)

  • la présence de zones humides

  • la présence de captages d'eau potable et leurs périmètres de protection

La modification des écoulements superficiels.

Le projet routier intercepte des écoulements naturels. Ceux-ci doivent être maintenus (on dit qu'ils sont «rétablis»). Leur rétablissement constitue une contrainte forte.

Ce rétablissement n'est en général pas totalement transparent. L'impact sur l'écoulement, faible, devient significatif lors de la survenance d'un événement météorologique rare et violent. Un tel événement est traduit dans les faits par la fixation d'un débit à rétablir, le débit de projet, correspondant à une période de retour (intervalle de temps moyen séparant deux occurrences d'un événement caractérisé). La période de retour est arrêtée après consultation des services responsables de la police de l'eau ou de la Mission Interservices de l'Eau (MISE). Les MISE sont des "guichets uniques" qui rassemblent les services de l'Etat compétents dans le domaine de l'eau et des milieux aquatiques.

En général, on adopte une période de retour de 100 ans pour les autoroutes, et l'on peut descendre jusqu'à 25 ans pour les autres routes. Comme dans la gestion d'un risque, cette période de retour est un compromis entre le coût d'investissement de la route (y compris les mesures compensatoires associées) et les conséquences hydrauliques liées à la construction de la nouvelle route que la collectivité est prête à accepter.

Les impacts liés à la géométrie de l'écoulement peuvent être de nature très différente :

  • débordements et inondations des terrains agricoles ou des zones urbaines par exhaussement (remontée de la ligne d'eau) en amont de l'ouvrage,

  • poussées de l'eau sur le remblai routier,

  • dégâts causés par l'érosion des berges sur les bâtis en bord de cours d'eau,

  • déstructuration de la ripisylve (végétation qui pousse sur les rives des cours d'eau),

  • déstabilisation des ouvrages hydrauliques en aval par affouillements ou transports solides ..).

  • incidence forte des calibrages de cours d'eau sur les écoulement avals (cas de construction de routes en berge).

Que faire ?

Actuellement, il existe toute une panoplie d'outils, mis à la disposition des bureaux d'études hydrauliques, géotechniques .., capables de prévoir les écoulements des eaux de surface, d'appréhender les champs d'inondation, d'estimer les affouillements et transports solides, de calculer la poussée des eaux sur les ouvrages, etc...

Des outils pour évaluer l'impact existent : lois empiriques, modèles physiques ou logiciels. Retenons seulement qu'ils doivent être manipulés avec précautions par des spécialistes qui ont déjà une vision claire et une expérience des processus qualitatifs mis en jeu.

Le maître d'ouvrage se situera résolument en amont pour fournir les données pertinentes et en aval pour bien mesurer les conséquences de ces bouleversements sur les milieux naturel et humain. Il définira ensuite les mesures réductrices ou compensatoires efficaces en toute connaissance de causes : ouvrages de protection, seuils, calibrages ponctuels du lit, reconstitution de biotope ...

Modélisation d'une inondation à Sommières, dans le Gard (Document CETE Méditerranée)[zoom...]

La modification des écoulements souterrains

Il n'est pas rare que la présence d'une infrastructure perturbe l'écoulement des eaux souterraines. Ceci peut avoir des conséquences si le réseau souterrain alimente, par exemple, une agglomération en eau potable.

Ces perturbations sont introduites, notamment :

  • par création de déblais routiers qui interceptent les nappes souterraines et perturbent les AEP (Alimentation en Eau Potable) :

Déblais routiers
  • plus rarement par la présence d'un remblai de grande hauteur qui, par son propre poids, peut pincer la nappe et contrarier son écoulement naturel en modifiant la perméabilité horizontale du sol :

Remblai de grande hauteur

Comme pour les eaux de surfaces, des outils pour mesurer l'impact existent. Ils conduisent le concepteur routier à limiter ou éviter les déblais ou les remblais, ce qui se traduit par une modification du profil en long et/ou du tracé en plan de l'infrastructure.

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