L'émergence d'une normalisation internationale : les IFC

Les IFC : une organisation de volumes, de composants et d'ouvrages

Le seul véritable point commun des professionnels qui vont échanger les données du projet avec leurs logiciels métiers, c'est que tous appartiennent au monde du bâtiment.

Ils ont une même culture, même si leurs métiers se déclinent en spécialités. Et au cours d'une opération de construction, tous travaillent sur un bâtiment unique, même si chacun « voit » cette construction d'un œil différent (on dit selon des "vues métiers[1]" différentes).

Comment découper l'information descriptive du bâtiment, que tous reconnaissent comme complexe, pour la structurer en vue des échanges ? Car il faut bien définir une hiérarchie dans cette information, qui permette d'atteindre le niveau de détail requis pour les logiciels les plus exigeants. Par exemple ceux d'études de prix, ceux du calcul thermique ...

Les IFC ont choisi la méthode la plus logique, celle qui a le plus de chances d'être comprise par les professionnels du monde entier, et qui de plus est majoritairement employée dans les logiciels techniques :

Fondamental

Les IFC représentent le bâtiment non par des dessins, mais comme une organisation de composants[2] et d'ouvrages[3], tous en relation avec les volumes[4] ou espaces[5].

Ouvrages[3] et composants[2], tous les professionnels du bâtiment ont un vécu de ces concepts :

  • un composant est soit un objet industriel préfabriqué que l'on apporte sur le chantier (une porte, un sanitaire, un tube),

  • soit c'est un constituant d'un composant plus important, dimensionné sur le chantier (isolation et cloisons par plaques),

  • soit il est ouvragé sur place (béton coulé de mur, de fondation, de plancher ..., mais aussi la peinture ...).

Volumes[4] et espaces[5] : si ces concepts sont souvent oubliés par les métiers qui construisent l'enveloppe, ils sont importants (ou devraient l'être) pour les architectes, mais ils sont primordiaux pour les thermiciens, les utilisateurs, dont les occupants pour qui acheter un logement, c'est acheter de l'espace, les décorateurs, et enfin pour la la maquette numérique elle-même. C'est à travers l'organisation de l'espace qu'elle établit son réseau de relation entre les pleins et les vides.

Avant ou après leur insertion dans le bâtiment, ils sont matériels, visibles et palpables.

On peut bien sûr les représenter par un dessin ou au moins on peut associer leur existence à une partie du dessin des plans. Mais cette condition n'est pas fondamentale pour qu'une entité du bâtiment appartienne à la liste des entités « objets » reconnues par les IFC.

Bien évidemment, un composant matériel, qualifié par les IFC de « produit[6] », admettra éventuellement une représentation dessinée, si tel est le désir de l'utilisateur d'un logiciel.

Ces composants sont trop grands ou trop compliqués à décrire ? On devra les découper, pour que ce soit plus simple. Où s'arrête ce découpage ? Car un composant peut disparaître complètement pour devenir une propriété d'un autre composant.

C'est une question de bon sens. Par exemple, un mur devra être découpé chaque fois que les épaisseurs ou les hauteurs changent ou que le matériau change ou que la direction change.

Ou que tout simplement certaines de ses propriétés fonctionnelles sont modifiées sur le parcours du mur. Par exemple un morceau du mur doit assurer une isolation thermique. Il est découpé si on associe au mur le complexe multicouche comme étant une de ses propriétés.

Il reste entier si l'isolation devient un composant indépendant. Le mur doit rester homogène[7].

On s'aperçoit que ce n'est pas si simple de définir par une règle générale ou commence et ou finit un composant IFC. Certains logiciels effectueront ce découpage d'autorité. D'autres laisseront ce soin à l'utilisateur, lors de la saisie du projet.

Mais l'apprentissage des découpages pertinents n'est pas le plus difficile, d'autant plus que les logiciels devenant de plus en plus « intelligents », ils soulageront l'utilisateur de ces contraintes.

Ce qui est plus difficile, c'est de fournir au logiciel les informations qui accompagnent l'environnement du composant.

L'espace, le volume, comme par exemple celui d'une pièce, est décrit comme un « produit[6] ». Ce constituant n'est pourtant pas matériel, mais il joue un rôle tellement important pour la cohérence des relations dans le modèle IFC qu'il en devient central.

Ce qui déroute au début l'opérateur qui est chargé de saisir les plans, en CAO. Il doit en effet apporter une attention particulière à bien renseigner l'organisation hiérarchique des pièces, services, étages ... en fonction des commandes disponibles de son logiciel (Choisir un logiciel qui aime l'espace).

  1. vue métier

    Une vue métier renvoit à un sous-modèle général du bâtiment qui décrit les travaux réalisés par les acteurs du métier.

  2. composant

    Terme générique pour désigner un objet physique du bâtiment. Il est en général assemblé ou préfabriqué. S'il est construit sur place, il se dénomme ouvrage. (voir VUE COMPOSANT)

  3. ouvrage

    Par opposition à composant, désigne un élément du bâtiment construit sur place, faisant appel à de la main d'œuvre et des matériaux : béton, peinture, ...

  4. volume

    voir Espace.

  5. espace

    Terme générique pour désigner les volumes vides délimités par des éléments ou composants d'ouvrage et entretenant des relations de voisinage avec d'autres espaces.

  6. produit

    Classe abstraite pour représenter tout produit manufacturé, découpé ou fabriqué in situ, ou encore résultat de frontières matérielles comme les espaces (local).

  7. homogène

    voir Homogéneité.

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