Les risques de mettre le feu aux machines-outils sont de deux origines :

• usinage de matériaux inflammables,
• production de copeaux incandescents

L'usinage de certains matériaux spécifiques tels que les alliages de titane, de magnésium, d'aluminium et d'uranium à de très hautes vitesses engendre des températures de coupe élevées qui peuvent provoquer des feux de copeaux ou feux de poussières. Les recommandations sont d'usiner ces matériaux à des vitesses de coupe plus modestes ou sous lubrification abondante. Il n'est pas recommandé d'éteindre ces feux avec de l'eau, un extincteur à poudre chimique anhydre ou un fondant peuvent être utilisé pour encercler le feu, mais ces deux agents ne pourraient éteindre un incendie de quelque importance !

La température d'inflammation du titane en poudre est de 460 °C à 510 °C à l'air. Chauffé au rouge à 704 °C, le titane décompose la vapeur d'eau en hydrogène libre. Ainsi libéré l'hydrogène brûle ou explose !
Le titane pulvérisé dans l'air en concentration de 44 à 70 g/m³ propage une explosion en présence d'une étincelle. L'inflammation du titane produit une chaleur considérable (2000 °C) et un très fort rayonnement.

Un des intérêts de l'UGV est d'évacuer une grande partie des calories (80 %) générée par la déformation plastique via le copeau. Ainsi, les températures des copeaux peuvent atteindre facilement 600 à 800 °C (incandescent). C'est souvent le cas en tournage et fraisage de matière à l'état durci. Le feu se produit lorsque ces copeaux rentrent en contact avec les huiles de glissière stagnant dans le bac à copeaux ou d'autres matériaux inflammables (papier, chiffons).

Remèdes :
Les machines-outils usinant en grande vitesse des matériaux présentant des risques d'inflammation sont équipées d'extincteur à poudre dont le rôle est de noyer totalement la zone de travail en cas de détection de feu, voire même d'étincelles.
C'est notamment le cas lorsque la lubrification sous huile entière à fort débit est utilisée, où un retour d'étincelle à la centrale de lubrification (plusieurs dizaines de m³) provoquerait l'explosion de l'usine !

Les poussières produites par le meulage et l'usinage à sec de pièces en aluminium, magnésium, titane... sont combustibles et forment avec l'air des mélanges explosifs. Leur caractères d'inflammabilité et d'explosivité les classent parmi celles qui, en mélange avec l'air, donnent des explosions très violentes caractérisées par une grande vitesse de montée en pression ; jusqu'à 1100 bar/s pour des diamètres de particules de 22 µm et une concentration de 30 g/m³.
Les poussières et les copeaux de ces matériaux réagissent avec l'eau pour former de l'hydrogène dont le domaine d'inflammabilité est compris entre 4% et 75% en volume.
De telles poussières et copeaux sont en outre susceptibles de réagir avec certains métaux par aluminothermie et peuvent former des feux couvrants qui se propagent en dégageant une chaleur d'autant plus considérable que le dépôt de poussières est important.

Exemple d'accidents d'arès INRS Incendies et explosions lors du travail des Alliages d'aluminium et de métaux facilement oxydables, Paris, INRS, n° 140, 3^ème trimestre 1990, pp. 521-530

Ex 1 : Lors du meulage de fonte grise sur une meuleuse à bande utilisée auparavant pour l'usinage de pièces en aluminium, un ouvrier perçoit une odeur de brûlé. Le chef d'équipe ouvre alors la porte de visite du dépoussiéreur et secoue les filtres. Il se produit aussitôt une explosion très violente et la langue de flammes brûle gravement une ouvrière et le chef d'équipe, qui succombera à ses blessures. Les étincelles dues au meulage de la fonte ont fait naître dans l'installation de filtration un feu couvrant qui a enflammé le mélange air-poussières d'aluminium produit par le décolmatage.

Ex 2 : Lors du réglage d'une installation utilisée pour le polissage de pièces en aluminium, le disque de plastique thermodurcissable éclate. Un fragment heurte le carter de protection, qui est rouillé, et provoque une réaction exothermique entre les particules de rouille et les poussières d'aluminium :
DBA_T10_I

FeO₃ = oxyde de fer ou rouille
2 Al = poussière d'aluminium
Le choc crée une étincelle
7,6.10⁵ J = effet joule = feu
Les évacuations sont gagnées par le feu, l'atelier s'enflamme.

Les feux de métaux légers ne doivent en aucun cas être attaqués par l'eau sous quelque forme que ce soit. Les produits extincteurs halogénés sont au moins aussi dangereux. Le gaz carbonique et les carbonates, l'azote lui-même, sont inutilisables dans la plupart des cas.
Trois méthodes d'intervention ont été préconisées :
Les gaz rigoureusement inertes, des poudres et des solvants non aqueux. Le seul gaz pratiquement sûr est l'argon, mais il convient de remarquer que les métaux légers continuent de brûler dans une atmosphère ne renfermant que quelques pourcentages d'oxygène. Un balayage complet de l'atmosphère est donc indispensable. Les poudres non fusibles comme le graphites ou le sable ne permettent pas un isolement complet des métaux en ignition, mais ils atténuent la violence de la combustion, forment un écran contre le rayonnement et donnent la possibilité de s'approcher du foyer. Enfin, sont préconisés les liquides non aqueux pour noyer les métaux légers en ignition, afin de les refroidir et les soustraire simultanément au contact de l'air. Même si leur point d'ébullition est élevé, on ne peut empêcher leur inflammation, mais il devient possible à ce moment de lutter contre le feu. Ce mode opératoire est désigné par l'expression «transfert de feux». Différents liquides sont préconisés : huiles végétales, esters acides minéraux, phosphate de tricrésyle, huile de silicone...
En résumé, ces différentes méthodes donnent de bons résultats si elles sont utilisées dès le début d'incendie. Il est donc indispensable d'évacuer les déchets au fur et à mesure de leur production.